Canadien ou provençal ?
Le puits provençal cache bien son jeu : ce n'est pas vraiment un "puits", et il n'est pas uniquement originaire de Provence! Réversible, il peut être utilisé en hiver pour préchauffer l'air qui pénètre dans la maison. On parle alors de puits canadien. En fait, ce puits serait plutôt persan ou grec : une technique semblable était déjà employée avant notre ère. A moins qu'il ne soit italien puisque, dès le 16ème siècle, des cavités naturelles ont été utilisées pour rafraîchir les habitations dans les collines en Italie.
Le "puits canadien" est un système de ventilation
conçu à l'origine pour préchauffer
l'air neuf des
bâtiments en utilisant la chaleur et l'inertie thermique
du sol.
Un système méconnu et qui peut réduire
la
température de 5 à 9°C dans votre maison
les jours
de canicule pour une mise en œuvre relativement simple si
elle est
faite au tout début de la réalisation.
Il
s'agit
d'une technique ancestrale dont le
principe est d'une grande simplicité. Il repose sur le fait
que la
température
du sol, au delà de 1.5m de profondeur, ne varie que de
quelques
degrés
au cours de l'année. En été, elle est
donc plus
basse que celle de l'air extérieur. Celui-ci peut donc
être refroidi en permanence s'il circule avant de
pénétrer dans l'habitation, dans des tuyaux
enterrés à cette profondeur.
L'équipement nécessaire pour une maison
individuelle
consiste en une canalisation de forte section (par exemple en PVC de
160 à 250mm de diamètre) placée dans
le
sol,
à une profondeur de 1.5 à 2.5 mètres,
sur une
longueur d'au moins 25 à 35 mètres. L'air
extérieur est insufflé dans ce tuyau par un
ventilateur
avant de pénétrer dans les locaux à
rafraîchir. Ce parcours souterrain suffira à lui
faire
perdre environ 9°C : si l'air extérieur est par
exemple
à 30°C, l'air qui pénétrera
dans la maison
sera d'environ 22°C.
Le puits provençal est performant : son COP (coefficient de
rendement
énergétique) est le plus souvent
supérieur
à 30, ce qui revient à dire que
l'énergie
électrique nécessaire au fonctionnement est 10
fois mieux
employée qu'avec un climatiseur.
Il est aussi écologique : il n'utilise pas de compresseur,
ne
consomme que quelques dizaines de Watts pour le ventilateur et
n'utilise pas de fluides frigorigènes.
Enfin, le coût d'un puits provençal est faible :
il
est
principalement conditionné par le coût de
creusement des
tranchées nécessaires.
La réponse varie bien sûr en fonction de la conception de la maison. Dans une construction neuve dotée d'une isolation réglementaire, avec une VMC classique et une déperdition d'air importante, le puits pourra réduire d'environ 20% la facture annuelle de chauffage ou de climatisation. Dans une maison bioclimatique, mieux isolée, avec moins de déperdition d'air, l'économie ne sera plus que de l'ordre de 8%.
L'installation d'un puits sera, en conclusion, conseillée dans les régions ou l'écart de température entre l'air et le sol sont importants : l'Est et le Sud de la France. Le puits devra aussi être couplé à un type de chauffage et un mode de distribution pertinents. Très rentable avec un système qui réchauffe l'air (comme un poêle à bois), il s'avère moins intéressant avec un chauffage par rayonnement (plancher chauffant, radiateurs radiants) qui réchauffe surtout les parois. En été, le puits se révélera également surtout utile dans une maison à faible inertie où les matériaux absorbent mal les pics de chaleur.
Il peut
être réalisé de plusieurs
façons :
-
Soit en utilisant le vide sanitaire de la maison, que l'on aurait
rempli de galets de grosses tailles et permettant la circulation de
l'air...
- Soit en réalisant un réseau de tuyaux
enterrés dans le sol, de 25 à 35 m de long,
à
une profondeur de l'ordre de 1.5 à 2.5 mètres.
En hiver, le sol à cette profondeur est plus chaud que la température extérieure : l'air froid est donc préchauffé lors de son passage dans les tuyaux.
En été, le sol est à l'inverse plus froid que la température extérieure : ce "puits" astucieux va donc utiliser la fraîcheur relative du sol pour tempérer l'air entrant dans le logement.
Exemple 1
Un propriétaire d'une vieille demeure dans les Hautes Pyrénées a installé son puits en juin 2006. Son principal objectif était de faire descendre la température dans les pièces sous les combles, qui pouvait atteindre 35°C en été. Résultat, lorsqu'il fait 31°C à l'extérieur, il fait 18°C à l'arrivée du puits, et 22°C sous les combles, c'est vraiment efficace.
Son installation comprend un tuyaux de 200mm de diamètre, qui serpente sur 50m dans son terrain à environ 1.5m de profondeur, afin de garder une pente de 3% nécessaire à l'évacuation des condensats. Il débouche dans une grange accolée à l'habitation. L'air est pulsé par un ventilateur dans les 3 chambres principales de la maison.
Exemple 2
Un architecte
spécialisé en éco construction a
réalisé 1995, une construction bioclimatique de
125m² dotée d'un puits canadien dans
l'Hérault.
Le puits de 25m a été couplé
à une serre, qui
complète le préchauffage de l'air en hiver, et
sert
d'évacuation naturelle l'été. L'air
frais du puits est envoyé
dans les pièces du haut. A 32°C à
l'extérieur, l'air
du puits arrive à 20°C et la température
intérieure ne
dépasse pas 26°C. L'hiver, l'air du puits,
aspiré
à 5°C, arrive dans la serre à
10°C, se réchauffe
encore, et arrive à 26°C à
'intérieur.
"Fraicheur sans clim' " de Thierry Salomon et Stéphane Bedel éd. Terre Vivante
Entreprise locale : www.eliosystem.com